
Le Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) constitue un dispositif légal obligatoire lors de licenciements économiques collectifs dans les entreprises d’au moins 50 salariés. Au-delà de la simple procédure administrative, il offre de nombreux outils d’accompagnement pour faciliter la transition professionnelle des salariés concernés. Comprendre ses modalités permet d’optimiser les possibilités de reconversion et de bénéficier pleinement des indemnités prévues. Bon à savoirLes entreprises d’au moins 50 salariés doivent mettre en place un PSE dès qu’elles projettent de licencier 10 salariés ou plus sur une période de 30 jours pour motif économique. Cette obligation légale déclenche automatiquement la mise en œuvre de toutes les mesures d’accompagnement.
Les fondements du Plan de sauvegarde de l’emploi : cadre légal et objectifs
Le Plan de sauvegarde de l’emploi constitue un dispositif légal prévu par l’article L. 1233-61 du Code du travail, rendu obligatoire dans les entreprises d’au moins 50 salariés qui envisagent un licenciement économique d’au moins 10 salariés sur une période de 30 jours. Ce dispositif vise deux finalités principales : limiter autant que possible le nombre de licenciements et faciliter le reclassement des salariés dont le licenciement ne peut être évité. L’employeur doit prendre toutes les mesures possibles pour éviter les licenciements ou assurer le reclassement des salariés, et non pas seulement une d’entre elles.
Les deux formes juridiques du PSE
Le PSE peut revêtir deux formes distinctes. La première, prévue par les articles L. 1233-24-1 à L. 1233-24-3 du Code du travail, consiste en un accord collectif majoritaire négocié avec les organisations syndicales représentatives, portant a minima sur le contenu du plan mais pouvant également couvrir les modalités d’information et de consultation du CSE, les critères d’ordre des licenciements ou encore le calendrier prévisionnel. La seconde forme, prévue par l’article L. 1233-24-4, correspond à un document unilatéral élaboré par l’employeur après la deuxième réunion du comité, qui doit ensuite être homologué par la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets). Une combinaison des deux formules demeure possible : l’accord collectif peut porter sur certains aspects tandis que le document unilatéral précise les points non couverts par l’accord.
La procédure d’information-consultation du CSE
La loi de sécurisation de l’emploi du 14 juin 2013 a profondément modifié les procédures de licenciement économique en simplifiant et en encadrant dans des délais fixes la procédure d’information et de consultation du CSE sur le projet de licenciement économique. Le comité doit être informé et consulté sur le projet de licenciement économique dès la première réunion. Lors de cette réunion initiale, il peut décider de recourir à une expertise unique couvrant à la fois les aspects économiques du projet et ses conséquences sur les conditions de travail des salariés. Cette expertise permet aux représentants du personnel de disposer d’une analyse approfondie pour formuler des avis, observations et propositions alternatives susceptibles d’être intégrées dans le PSE final. Le rôle de l’administration a été renforcé par le législateur : elle ne se limite plus à un simple contrôle de la régularité de la procédure mais exerce désormais un contrôle approfondi sur le contenu du plan, devenant ainsi un interlocuteur déterminant pour les deux parties.

Les mesures de reclassement interne et externe : priorités et modalités
Lorsqu’un projet de licenciement économique se dessine, l’employeur porte une responsabilité pleine et entière dans la recherche de solutions alternatives. Cette obligation ne se limite pas à une simple formalité administrative : elle exige la mobilisation de toutes les ressources disponibles pour préserver les postes de travail ou, à défaut, garantir une transition professionnelle réussie aux salariés concernés. Le législateur impose ainsi un cadre strict où chaque possibilité de maintien dans l’emploi doit être explorée méthodiquement.
Le reclassement interne : première priorité de l’employeur
L’obligation de reclassement interne constitue le premier axe d’action du PSE. L’employeur doit proposer systématiquement aux salariés menacés de licenciement des postes disponibles relevant de la même catégorie professionnelle ou présentant une équivalence avec leur emploi actuel. Les propositions doivent correspondre aux qualifications et compétences des salariés, sans que ces derniers n’aient à accepter une mobilité géographique excessive ni une modification substantielle de leur contrat de travail.
Pour les postes de catégorie inférieure, le consentement exprès du salarié devient indispensable. Cette protection vise à éviter toute forme de déclassement imposé qui pourrait aggraver la situation déjà difficile des salariés visés. L’accord doit intervenir avant toute proposition formelle et porter sur des conditions clairement définies : niveau de rémunération, fonctions exercées, localisation géographique. Le refus d’un poste de catégorie inférieure ne peut être opposé au salarié lors de l’appréciation du sérieux de la démarche de reclassement menée par l’employeur.
La création d’activités nouvelles et le soutien à la reprise
Au-delà du reclassement sur des postes existants, le PSE doit envisager des perspectives de développement interne susceptibles d’absorber tout ou partie des effectifs concernés. La création d’activités nouvelles représente une voie permettant de transformer une situation de restructuration en opportunité de diversification. Cette orientation suppose une analyse approfondie des marchés potentiels, des compétences mobilisables et des investissements nécessaires. Les entreprises qui s’engagent dans cette direction démontrent leur volonté de privilégier le maintien de l’emploi plutôt que des ajustements rapides de leurs effectifs.
Parallèlement, l’employeur doit examiner sérieusement les possibilités de reprise d’établissements menacés de fermeture. Cette obligation prend forme dès lors qu’il existe des candidats potentiels intéressés par la poursuite de l’activité. La Dreets vérifie, le cas échéant, que l’employeur a respecté ses obligations en matière de recherche d’un repreneur, notamment par la diffusion d’informations transparentes sur les caractéristiques économiques et sociales de l’activité concernée. Le défaut de recherche active ou le refus injustifié de transmettre des données essentielles aux repreneurs potentiels expose l’employeur à une invalidation du PSE.
Le reclassement externe et l’accompagnement à la création d’entreprise
Lorsque les solutions internes se révèlent insuffisantes, le PSE doit organiser un accompagnement structuré vers l’emploi externe. Ces actions de reclassement externe prennent appui sur les dynamiques territoriales et sectorielles : partenariats avec des entreprises du bassin d’emploi, conventions avec les acteurs locaux du service public de l’emploi, mobilisation des branches professionnelles. La réactivation du bassin d’emploi passe par une connaissance fine des opportunités disponibles et une capacité à mettre en relation les salariés avec les employeurs recruteurs. Les mesures peuvent inclure des forums de l’emploi, des sessions de recrutement dédiées ou des dispositifs de parrainage facilitant l’insertion dans de nouvelles structures.
L’aide à la création ou à la reprise d’entreprise constitue une autre composante des mesures de reclassement externe. Le PSE doit prévoir un accompagnement financier et technique pour les salariés porteurs de projets entrepreneuriaux : apport en capital, garantie d’emprunt, formation à la gestion d’entreprise, mise à disposition de conseils spécialisés. Ces dispositifs s’inscrivent dans une logique d’autonomisation des salariés qui souhaitent construire leur propre activité plutôt que de rechercher un nouvel emploi salarié.
La prise en compte des propositions du CSE
L’employeur ne peut se contenter d’élaborer unilatéralement son plan de reclassement. Il doit intégrer les observations et propositions formulées par le comité social et économique lors des réunions d’information-consultation. Cette concertation peut conduire à l’identification de pistes alternatives non envisagées initialement : postes vacants dans des filiales moins connues, formations permettant des mobilités fonctionnelles, partenariats avec des entreprises du territoire disposant de besoins en recrutement. Le dialogue avec les représentants du personnel enrichit substantiellement la palette des solutions mobilisables et renforce la légitimité du PSE auprès des salariés concernés.
L’administration vérifie que les réponses apportées par l’employeur aux propositions du CSE sont argumentées et démontrent une prise en considération effective. Un rejet systématique sans justification documentée des suggestions formulées par les élus constitue un indice de l’insuffisance des efforts de reclassement. Cette exigence vise à garantir que toutes les possibilités offertes par les moyens de l’entreprise ont été examinées avant de procéder aux suppressions d’emploi.
Formation, reconversion et validation des acquis : les leviers de l’employabilité
Le Plan de Sauvegarde de l’Emploi impose à l’employeur de mettre en oeuvre des dispositifs de formation adaptés aux besoins des salariés concernés par un licenciement économique. Ces actions visent à renforcer leur employabilité et à faciliter leur transition professionnelle, qu’elle s’opère au sein de l’entreprise ou vers un nouvel employeur.
Les dispositifs de formation obligatoires dans le cadre du PSE
L’employeur doit prévoir des actions de formation permettant aux salariés de maintenir ou développer leurs compétences professionnelles. Ces formations peuvent prendre plusieurs formes selon les besoins identifiés et les perspectives de reclassement. Elles doivent s’inscrire dans une démarche cohérente avec le plan de développement des compétences de l’entreprise.
Les actions de reconversion professionnelle constituent un axe central des mesures d’accompagnement. Elles permettent aux salariés d’acquérir de nouvelles qualifications pour accéder à des métiers différents de ceux qu’ils exercent actuellement. Ces formations qualifiantes peuvent durer plusieurs mois et déboucher sur l’obtention d’un diplôme ou d’une certification reconnue par les branches professionnelles.
La validation des acquis de l’expérience (VAE) représente un dispositif complémentaire permettant aux salariés de faire reconnaître officiellement leurs compétences développées au fil de leur parcours professionnel. Cette démarche facilite l’obtention d’une certification sans nécessiter un retour en formation initiale prolongé.
Les obligations spécifiques de l’employeur en matière d’adaptation
La Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS) vérifie que l’employeur respecte ses obligations en matière d’adaptation des salariés au poste de travail. Cette vérification porte notamment sur les efforts de formation déployés par l’entreprise au cours des années précédant le projet de licenciement. Un employeur n’ayant pas mis en oeuvre de formations depuis longtemps s’expose à des exigences renforcées de la part de l’administration.
Des mesures spécifiques doivent être prévues au profit des salariés âgés d’au moins 45 ans, qui rencontrent souvent davantage de difficultés dans leur recherche de reclassement. Le PSE doit intégrer des actions ciblées répondant aux besoins particuliers de cette catégorie de personnel, en tenant compte de leur expérience et de leurs contraintes.
Dispositifs d’accompagnement : CSP, congé de reclassement et mesures spécifiques
Le PSE encadre des dispositifs d’accompagnement des salariés licenciés, dont les modalités et conditions d’accès sont définies par la réglementation en vigueur et les accords collectifs négociés dans l’entreprise. Ces dispositifs visent à faciliter le retour à l’emploi des salariés concernés par le licenciement économique collectif, en combinant indemnisation, accompagnement renforcé et accès aux formations professionnelles.
Bilans d’orientation et accompagnement individualisé
Les bilans d’orientation et d’évaluation des compétences constituent des outils permettant aux salariés d’analyser leur parcours professionnel, d’identifier leurs acquis et de définir un projet de reconversion réaliste. Ces bilans s’inscrivent dans une démarche d’accompagnement individualisé, dont l’intensité varie selon l’ampleur du projet de licenciement et les caractéristiques du bassin d’emploi concerné. Dans les territoires fragilisés par les restructurations économiques, les mesures d’accompagnement doivent être renforcées pour tenir compte des difficultés de réinsertion professionnelle.
Prise en compte des situations de vulnérabilité
Le PSE doit prévoir des mesures adaptées aux profils fragilisés : les salariés âgés, souvent confrontés à des difficultés de reclassement, bénéficient d’un accompagnement spécifique intégrant parfois des dispositifs de fin de carrière. Les personnes en situation de handicap nécessitent un suivi personnalisé tenant compte de leurs besoins d’adaptation. Les femmes enceintes font l’objet d’une protection renforcée. Les salariés possédant une qualification très spécialisée, dont la transférabilité des compétences s’avère limitée, requièrent des actions de formation ciblées facilitant leur reconversion vers des secteurs porteurs d’emploi.
Indemnités et mesures financières : au-delà des obligations légales
Au-delà du socle légal, le PSE prévoit diverses compensations financières dont les montants et modalités résultent des négociations entre l’employeur et les organisations syndicales. Ces dispositifs visent à atténuer les conséquences économiques du licenciement tout en encourageant les départs aménagés plutôt que contraints.
Indemnités légales et supra-légales de licenciement
L’indemnité légale de licenciement économique constitue le socle minimal garanti à tout salarié justifiant d’au moins huit mois d’ancienneté. Son montant, calculé en fonction de l’ancienneté et du salaire de référence, ne peut être inférieur à un cinquième de mois de salaire par année d’ancienneté, auquel s’ajoutent deux quinzièmes de mois par année au-delà de dix ans. Les PSE négociés prévoient fréquemment des indemnités supra-légales pouvant représenter plusieurs mois de salaire supplémentaires selon les profils et l’ancienneté. Ces compléments, soumis à négociation collective, varient considérablement d’une entreprise à l’autre et peuvent atteindre des montants substantiels pour les salariés les plus anciens ou occupant certaines fonctions stratégiques.
Primes d’incitation au départ volontaire
Pour limiter le recours aux licenciements contraints, les employeurs proposent souvent des primes financières encourageant les départs sur la base du volontariat. Ces indemnités incitatives, distinctes des indemnités de licenciement, permettent aux salariés qui acceptent de quitter l’entreprise de percevoir une compensation financière attractive. Le montant de ces primes fait l’objet d’une négociation et peut varier selon l’ancienneté, la catégorie professionnelle ou le calendrier de départ. Certains PSE prévoient ainsi des primes dégressives dans le temps pour inciter aux départs rapides. Sur le plan fiscal et social, ces indemnités bénéficient du régime d’exonération applicable au PSE, dans la limite de deux plafonds annuels de la sécurité sociale (82 272 € en 2020), comme précisé dans le contexte fourni.
Dispositifs de préretraite et congé de mobilité
Pour les salariés proches de l’âge de la retraite, certains PSE intègrent des mesures de préretraite permettant un départ anticipé avec maintien partiel de la rémunération jusqu’à l’obtention des droits à pension. Le congé de mobilité, autre dispositif négociable, offre aux salariés volontaires une période de transition rémunérée pour rechercher un nouvel emploi ou suivre une formation tout en restant liés à l’entreprise. Comme indiqué dans les sources, le régime social et fiscal du congé de mobilité s’aligne sur celui du PSE pour la rémunération versée pendant cette période et les indemnités financières associées.
CE Expertises : expertise technique et accompagnement dans les procédures de restructuration
Dans le cadre des procédures de restructuration, les représentants du personnel peuvent s’appuyer sur l’expertise d’organismes spécialisés pour défendre les intérêts des salariés. CE Expertises intervient auprès des CSE confrontés à des projets de licenciements collectifs, qu’il s’agisse de PSE traditionnels ou de dispositifs alternatifs tels que les ruptures conventionnelles collectives (RCC) ou les plans de départs volontaires (PDV). L’organisme peut également accompagner les CSE dans le cadre de l’activité partielle de longue durée (APLD), dispositif visant à maintenir l’emploi en réduisant temporairement l’activité.
Une expertise technique au service des élus
CE Expertises accompagne les représentants du personnel dans l’analyse des projets de restructuration en décryptant les motifs économiques avancés par les directions. L’organisme audite les méthodes utilisées pour quantifier les suppressions de postes projetées et évalue la pertinence des organisations cibles proposées. Cette expertise permet aux élus de disposer d’une vision objective des conséquences sociales réelles et d’identifier les risques économiques sous-jacents aux projets présentés.
Conseil et accompagnement tout au long de la procédure
L’organisme se positionne comme conseil pour préparer et mener les négociations d’accords majoritaires lorsque les organisations syndicales s’orientent dans cette voie. CE Expertises travaille sur des alternatives aux projets soumis, restitue ses analyses et conclusions aux élus, et maintient un suivi continu durant l’ensemble de la procédure. Grâce à des relations établies avec des experts en qualité du travail et de l’emploi, l’entreprise propose des expertises couvrant toutes les dimensions des projets de restructuration, incluant les aspects économiques, comptables et les effets sur les conditions de travail.
L’essentiel à retenir sur l’accompagnement PSE
Le PSE représente bien plus qu’une obligation légale pour les employeurs : il constitue un véritable tremplin vers de nouvelles opportunités professionnelles. Les dispositifs d’accompagnement évoluent constamment pour s’adapter aux transformations du marché du travail et aux besoins de reconversion. L’émergence de nouvelles compétences numériques et la transition écologique ouvrent de nouveaux horizons professionnels, rendant les formations proposées dans le cadre du PSE particulièrement pertinentes pour l’avenir.